PAS DéMYSTIFIé, çA SE REPRODUIRA !

Ce jour-là – c’était il y a longtemps, très longtemps – Mara était à la fenêtre de sa chambre. Non ! Pas précisément ! A l’étage, elle était debout dans sa chambre, à plus d’un mètre de la fenêtre. Elle regardait quoi ? Elle pensait à qui ou à quoi ? Elle n’en a pas souvenir ! L’esprit ailleurs, elle regardait au loin dans le vide ! Soudain une voisine du bout de la rue, était passée d’un pas assuré. Mara ne se souvient plus du prénom de cette femme qui travaillait dans la même entreprise que sa tante Eloïse. Nous l’appellerons Jeannine. Jeannine avait levé la tête en passant et par la fenêtre ouverte, elle avait plongé son regard dans la chambre de Mara surprise.

L’histoire aurait pu se finir là, si quelques jours plus tard, la tante de Mara ne l’avait pas réprimandée. Rendez-vous compte, Mara n’avait pas salué la collègue de sa tante et c’était elle, la tante, qui avait eu l’affront de se faire disputer ! 

En retour sans doute, le sermon de la tante avait été sévère envers la nièce.

S’en prenant à Eloïse devant toutes leurs collègues de travail, Jeannine n’avait pas été tendre verbalement envers Mara pas là bien sûr. Pensez dont ! Elle ne l’avait pas salué lorsqu’elle était passée, nez levé, regard plongeant dans l’intimité de la chambre de Mara. 

Cancanages entre femmes sur un lieu de travail qu’Eloïse avait très mal vécu. Son amour propre en avait pris un sacré coup ! Vexée, limite blessée, la tante était rentrée dans le jeu de sa collègue sans réfléchir.

Faisant la leçon à sa nièce, Eloïse l’avait réprimandée comme une gamine. Il est vrai qu’à l’époque Mara n’avait que vingt-deux ans. Elle était jeune certes, mais devenue maman, elle n’était plus une enfant. Cet épisode de sa vie, avait renvoyé Mara à un autre, plus ancien qui l’avait énormément blessée.

Tiens dont ! Une autre histoire de « bonjour » plus ancienne ! 

Cette fois-là, en promenade avec sa grand-mère Marcelline, elle était petite fille. Son âge ! Sept ans peut-être ! Elle allait à l’école élémentaire. Durant leur promenade, Marcelline, s’était arrêtée pour parler avec une connaissance. Mara patientait sagement à côté d’elles lorsqu’au loin elle avait vu arriver, la seule personne qu’elle n’aurait pas voulu croiser… sa maitresse d’école.

Cette maîtresse d’école, déculottait Thérèse et Denise, ses camarades qu’elle fessait devant toute la classe lorsqu’elles avaient fait une bêtise. L’ai revêche de sa maîtresse, terrorisait la petite fille. Pourquoi s’en prenait-elle toujours à Thérèse ou à Denise ? Avec toutes ces années de recul, Mara pense avoir compris ! Avec Thérèse, une petite polonaise, la marâtre ne devait pas craindre la visite des parents. Mara allait de temps en temps faire ses devoirs chez Thérèse. Elle savait que ne parlant pas un mot de français, ses parents n’iraient pas la disputer pour avoir pris leur petite Thérèse en grippe. Pour Denise, c’était un peu la même chose. Des parents présents et à la fois absents certainement malgré eux. Denise était issue d’une famille très nombreuse dans laquelle les enfants semblaient pousser comme ils pouvaient. Un père qui travaillait dur pour nourrir tout son monde. Une mère vieillit avant l’âge, épuisée par son travail à la maison et ses grossesses successives. Difficile pour les copines de Mara ! 

Déjà très pudique comment aurait-elle réagit en pareilles circonstances ? Pourquoi cette maîtresse utilisait-elle cette punition ? Y trouvait-elle une certaine forme de jouissance ?  Mara ne le saura jamais !

Sur le trottoir dans les jupes de sa grand-mère, Mara n’en menait pas large ! Pendant que la maîtresse approchait droite comme un I, l’enfant était terrorisée. Pourtant sa mère lui apprenait la politesse ! Mais au moment du passage de la maîtresse le « bonjour madame » était resté coincé dans son gosier ! Elle n’avait pas pu ! « Bonjour madame » n’était pas sorti. Impossible !

Heureusement en pleine classe le lendemain, pas de fessée déculottée pour Mara. La fillette n’en avait pas été moins dévastée ! La maîtresse l’avait sermonnée longuement, de manière bien appuyée. Finalement comme tante Eloïse des années plus tard ! 

Enfant, elle avait été honteuse, sidérée par l’attaque, oui, oui, l’attaque de la maîtresse qui n’avait pas compris qu’au fond, sa froideur, était la première responsable du « bonjour » tant espéré, resté coincé dans le gosier de son élève ! 

L’histoire de la maîtresse pas démystifiée aurait-elle attiré quelques années plus tard, celle de Jeannine ? Fort probable tant Mara avait été touchée émotionnellement ! Elle avait fini par réaliser que l’impolie, c’était Jeannine dont le regard indiscret, n’avait pas eu sa place dans sa chambre.

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